Micropolitique et micro-actions



Par Anne-Marie Ouellet


Le micro face au macro : intention, destination, impacte et efficacité des microactions


+Une série de questions
Par Anne-Marie Ouellet
Ce que l’on appelle la « micropolitique » s’intéresse plutôt aux structures de pouvoir à petite échelle, disséminées, ainsi qu’aux mécanismes de contrôle inhérents aux activités sociales et à la vie quotidienne. (Junqing, 2008, p.58)
[…] la philosophie micropolitique pénètre profondément dans le monde de la vie quotidienne grâce à ses analyses des mécanismes de micropouvoir. Elle met aussi en lumière le lien qui existe entre la politique et la culture. La philosophie micropolitique est donc, d’une certaine manière, une philosophie de la culture qui a pour cible le monde de la vie. (Junqing, 2008, p.70-71)
Par des pratiques artistiques questionnant les organes de pouvoir agissant dans le micro, il y a parfois une volonté de modifier les perceptions, les appréhensions, de révéler sans nommer, de donner l’impression de… L’art que l’on peut qualifier de micropolitique est un art de contexte. S’il arrive parfois que ces pratiques donnent l’impression de l’échec, d’une maladresse de la part de son auteur, c’est qu’il est plutôt question de tactiques, dont le processus relève de l’expérimentation où le résultat ne peut être anticipé dans sa totalité et où l’expérience domine sur la forme. Si l’auteur choisit une approche plutôt qu’une autre, comme par exemple agir subrepticement plutôt que de front, c’est délibérément par choix. Il ne possède certainement pas l’ambition de l’activiste ni même de l’attaque. Cette comparaison qui revient entre art à tendance politique et activisme amène souvent cette impression d’échec. Le politique ou le sociale est pour l’artiste le contexte, une matière de travail. La visée de l’artiste n’est pas nécessairement le changement, mais le questionnement autour de notions. Il ouvre un espace de réflexion et met en place des méthodes. De ce fait, il faut se poser la question : pourquoi il faudrait prendre des positions fermes si le travail ne les rend pas ?
Agir dans le micro veut-il signifier rester dans le micro, ne pas être visible ?
Pourquoi choisir d’agir dans le micro en art et non dans le macro dans le monde de l’activisme et aller vers des engagements frontaux ?
Comment les actions furtives, aussi subtiles peuvent-elles parfois l’être, arrivent telles à combler le désir de l’auteur ? Quelle est la portée sociale des actions furtives ?
Le destinataire est-il celui de l’institution artistique ou bien celui rencontré sur le terrain d’une action en espace public ? S’il existe la plupart du temps deux publics, quelle importance l’artiste donne-t-il à chacun d’eux ?
Peut-il y avoir un art engagé socialement et attaquant de front ? Si c’était le cas, serions-nous encore dans une pratique artistique ? Devrions-nous faire des compromis pour qu’il reste une part de travaux plastiques afin que ces actions soient « validablent » dans le monde de l’art ? L’activisme n’est-il pas la solution souhaitable ?
En s’intéressant au micropouvoir de contrôle, est-il pertinent de conserver une approche micro ?
On a tendance à associer art micropolitique et pratique furtive, contextuelle, intervention dans l’espace public. L’art micropolitique peut aussi toucher d’autres pratiques ? Quelles sont-elles? Quels artistes par exemple ?